Comment Waagner-Biro est monté à bord

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L’époque dont je vais vous parler est bien lointaine. Je travaillais alors dans le secteur de la machinerie scénique chez Krupp Industrietechnik à Duisburg-Rheinhausen et nous réalisions déjà depuis quelques années la machinerie scénique des théâtres des bateaux de croisière construits par le chantier naval Meyer Werft à Papenburg (Allemagne du Nord). À la fin des années 90, après la fusion avec Thyssen, Krupp a décidé d'abandonner le site de Rheinhausen et de vendre la machinerie scénique à un constructeur d'engrenages de Karlsruhe.

Là-bas, presque personne ne se sentait à sa place, et l'équipe perdait peu à peu ses membres. Notre directeur des ventes d’alors fut l'un des premiers à franchir le pas et à démarrer une nouvelle carrière chez Waagner-Biro Germany à Munich. Chez son nouvel employeur, il est devenu le précurseur de l'intégration de la machinerie scénique sur les bateaux de croisière. C'est ainsi que Waagner-Biro, en partenariat avec sa filiale anglaise TELESTAGE, a répondu à l'appel d'offres de la compagnie britannique P&O.

Les négociations se sont déroulées directement chez P&O à Southampton. Les deux entreprises, novices dans le secteur, se sont battues pour décrocher ce premier contrat d’envergure. La commande a finalement été passée en 1999. Notre directeur des ventes avait rassuré les dirigeants en leur disant que « M. Mäder et ses collègues étaient à bord ».

Le début d'une nouvelle ère

C'est à l'AURORA que nous, les nouveaux venus (moi et deux autres collègues), allions nous consacrer dès le 2 janvier 2000 dans un bureau tout neuf à Duisburg-Rumeln. Dès le départ, nous avons eu affaire à une commande relativement importante pour l'époque.

Les navires suivants pour la RCCL, pour lesquels nous avions reçu la commande des chantiers navals Meyer, furent équipés d’une machinerie scénique beaucoup plus modeste.

À l'arrière du bateau, il y avait encore un bar night-club équipé d’une scène en deux parties. Une fois déployée, elle couvrait une surface de 100 m². La piste de danse pouvait être agrandie en repliant la moitié extérieure de la scène.

Waagner-Biro a décroché la commande pour l'AURORA alors que le projet de construction du navire était déjà bien avancé. Au point que les lourds chariots porte-décors prévus ne rentraient plus par aucun accès. On nous a demandé à plusieurs reprises de démonter les chariots porte-décors en plusieurs parties, ce qui était impossible à ce stade de la fabrication. Quelle ne fut pas notre stupéfaction lorsque le chantier naval s’est mis a percé un énorme trou d'environ 6 m de diamètre dans le mur extérieur, à hauteur de la scène, pour nous permettre d’introduire les chariots porte-décors. Une fois cette étape terminée, le morceau de tôle brûlé a été remis dans le trou et la fente soudée de l'intérieur et de l'extérieur puis peinte. Cette opération n’a laissé aucune trace.

D’autres surprises de ce type allaient nous attendre pour notre première commande de scène sur un navire de croisière flambant neuf.

Le concept de sécurité SIL3 n'existait pas encore à cette époque. Les principales exigences en matière de sécurité étaient les doubles freins, qu’il fallait tester un à un avec une surcharge de 25 %. La « classification des navire DNV » était alors la référence en matière de sécurité.  Aujourd'hui, tous les théâtres, qu’ils soient sur un navire ou à terre, sont testés et approuvés par les experts du TÜV.

Les élévateurs à spirale devant toujours être soumis à une précharge, nous avons dû trouver une solution pour le navire, car des forces de soulèvement se produisent également lorsque le navire « tangue » dans une mer agitée. Afin d'exclure tout risque de destruction des élévateurs à spirale, il a fallu verrouiller les podiums d'orchestre en haut et en bas dans les deux positions finales. Ainsi, pour 4 podiums, chacun avec 2 boulons de verrouillage mobiles, il a fallu ajuster en tout 16 trous de verrouillage réglables dans la structure fixe du navire, en haut et en bas.

La commande de l'installation a été réalisée par notre partenaire Guddland Digital, aujourd'hui Waagner-Biro Luxembourg. La version C⋅A⋅T V3 de l'époque a été utilisée pour la première fois sur une scène de navire.